lundi 8 juin 2009

Encore sur la mauvaise route ces féministes occidentales

Naomi Wolf, un nom connu chez les féministes n'est-ce pas ?

Je n'ai lu aucun de ses livres, j'ai entendu parler de son best-seller, The Beauty Myth. Le survol de sa biographie sur wikipédia ne laisse rien présager de bizarre (j'entends par là qu'elle n'a pas l'air d'être du genre essentialiste qui se proclame féministe), et pourtant ... Elle s'est fendue d'un article consternant (un de plus) sur les prétendus excès du féminisme occidental, responsable de la "guerre des sexes" et de la marchandisation des corps après la libération sexuelle. L'article original est disponible ici.

C'est vrai que depuis les années 60, on a vu beaucoup de féministes à la tête des entreprises, d'où le pouvoir qu'elles ont eu pour marchandiser le corps féminin. Oui, on sait, ces féministes qui haïssent les hommes et à qui on peut reprocher certains excès...

Quelques extraits :


Le consensus qui apparaît en Inde en faveur de davantage de droits et de liberté pour les femmes [...] n’a pas encore et ne va peut-être jamais porter atteinte au lien de confiance et d'amitié entre hommes et femmes. Et il ne va sans doute pas pousser l’Inde dans la direction d'une société de solitude, individualisée et fragmentée - avec la révolution sexuelle transformée en marchandise - que reflète le féminisme occidental autocentré.
Il faudra qu'on m'explique ce qu'est ce fameux lien de confiance et d'amitié entre hommes et femmes en Inde. Celui où les femmes remercient leur mari de les brûler à l'acide ? Ou celui qui fait que les fillettes, quand on les laisse naître, sont moins nourries, moins soignées et moins éduquées que leurs frères ? Ici c'est vrai, hommes et femmes se regardent en chiens de faïence, prêts à se rentrer dans le lard à tout bout de champ, car ce lien si beau et si humain n'existe plus.
Femmes et hommes, hommes et femmes, ces deux espèces différentes vouées à la cohabitation. Il faudrait penser à envoyer quelques émissaires spéciaux de chaque camp fumer le calumet de la paix dans nos contrées si éloignées de l'état idéal (primitif tant qu'on y est !).

Cette version du féminisme - l’exigence d’égalité pour la femme qui préserve néanmoins son rôle spécifique au sein du foyer, la primauté donnée à la famille et les droits considérés dans le contexte de la communauté et de la spiritualité - paraît être un excellent correctif des excès du féminisme occidental.
[...]le féminisme occidental aurait pu se développer autrement qu’il ne l’a fait et qu’il peut encore changer pour adopter une définition plus satisfaisante et plus humaine de la notion d’égalité. Simone de Beauvoir, dont l’œuvre-phare, "Le Deuxième Sexe", a servi de référence au féminisme occidental d’après-guerre, était une existentialiste, mais elle n’était ni une épouse ni une mère ni une femme de foi. Aussi, sa réflexion plaçait-elle la liberté de la femme dans un contexte laïque et individualiste où l’individu est isolé et dans lequel la "liberté" signifiait une pure autonomie plutôt qu’une intégration égalitaire dans un tout - comportant la famille, la communauté et même Dieu.

Revenons aux sociétés holistes d'antan, il est encore temps cher-e-s ami-e-s. Remettons-nous à croire en dieu, prenons conscience du rôle spécifique que nous avons à remplir au sein de notre foyer (ce coeur sociétal) et investissons-nous dans notre communauté au lieu de nous replier sur nous-même et sur nos objets de consommation.
Même le pape ne trouverait rien à redire à ça.

En tant que femmes occidentales, nous avons les capacités d’analyse, nous savons quels sont nos problèmes et nous disposons d’une méthode pour y faire face - mais nous manquons de volonté politique et organisationnelle. Aussi le leadership bascule-t-il vers les femmes des pays en développement. Leurs besoins sont plus urgents, et, franchement, leurs problèmes sont beaucoup plus graves que les nôtres. (...) Si l’une de ces courageuses femmes afghanes (...) écrivait (...) le texte marquant des cinquante prochaines années du féminisme non-occidental, il sera sans doute imprégné de l’idée d’égalité et en même temps très concret. Il montrera sans doute que le monde est davantage que la somme d’individualités en concurrence, essentiellement tournées vers la consommation, ou qu’une guerre des sexes.

Voilà, tout s'explique. Nous les féministes occidentales, on est un peu trop idéalistes mais en même temps tellement matérialistes ! Puis on manque de volonté pour imposer nos volontés aussi. C'est tellement simple pourtant ! Un peu de concret que diable !
Et puis franchement, allez je le dis : toi, la féministe occidentale fainéante, athée et individualiste, va donc voir en Afghanistan (si j'y suis) ! Ca te remettra dans le droit chemin !

3 commentaires:

  1. Arrivé au troisème paragraphe de l'article en question, mon discjoncteur mental a sauté.
    Parce qu'en filigrane de cet article, ce que je détecte, c'est un message comme "les femmes afganes se laissent dangereusement infecter par le miasme d'un féminisme à l'occidental dévoyé et erroné, et on en voit déjà les effets dans les échanges d'insultes et d'épithètes douteuses entre hommes et femmes !" C'est sûr que si on mord sur son tchador plutôt que de s'opposer à monsieur, les voisins pourront dire de votre ménage qu'il est parfait, jamais un cri, jamais une dispute...

    Su-per

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  2. Pour qu'il y ait moins n'inégalité, ce n'est pas à nous de faire le premier pas, mais aux hommes de tous les pays en apprenant à respecter son prochain (et prochaine, mais celle-là elle a été mise à part).

    Je veux bien croire que nous avons une plus grande liberté que les femmes Afganes, mais si on laisse ne demande pas à être respectée aujourd'hui, on ne le fera jamais. Ils aimeraient bien, les machos, qu'on arrête de demander quoi que ce soit. Après tout, après l'esclavage, les Noirs avaient la liberté, même s'ils n'avaient pas le respect... Pourquoi se plaignaient-ils ?

    Le monde est tristement peuplé de gens qui ne voient que leurs propres intérêts... Parce que se plaindre de blagues "anodinement" misogynes c'est aussi se plaindre d'injustices, impardonnables chez les hommes mais courantes chez les femmes, et avant d'être mère, épouse, ou femme de foi, on est femme tout court, je ne vois pas en quoi cela change le jugement que l'on peut porter au respect !

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  3. Désolée, j'ai pas mis d'alerte sur les commentaires donc je les vois uniquement quand je me connecte. Du coup je réponds un peu en retard.

    Perle de Lune : je suis d'accord avec la fin de ton commentaire. Cet article réassigne une fois de plus les femmes à leurs rôles traditionnels, et instaure une division entre les femmes sur cette base et sur base de la culture.
    Par contre, je pense que c'est aussi aux femmes à "faire le premier pas". Ca me choque de voir que des femmes afghanes étaient présentes à la contre manifestation dont on parle dans cet article, tout comme ça me choque de voir des femmes iraniennes manifester pour le président actuel. Il y a plein d'exemples de ce type, des femmes qui ne voient pas l'oppression ou qui ne souhaitent pas la remettre en cause et qui font tout pour que rien ne change.
    Les hommes ont une responsabilité à part égale, je ne dis pas le contraire hein. Mais des femmes maso-machos, il y en a des tas.


    Lledelwin : oui c'est sûr, je ne vois pas comment imposer une quelconque loi égalitaire sans s'opposer d'une manière ou d'une autre au système en place, ce que cette chère Naomi Wolf assimile de façon réductrice à la bonne vieille guerre des sexes occidentale.

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