dimanche 11 septembre 2011

La RTBF et Le Soir enquêtent sur les DSK belges

Questions à la Une, reportage du mercredi 7 septembre 2011

Vidéo disponible ici.

Quand il se passe quelque chose en France, la Belgique francophone n'aime pas être en reste. Souvent, les politiciens importent le débat du moment chez nos voisins d'Outre Quiévrain pour tenter de faire passer des lois telles que l'interdiction du port du voile dans les écoles, etc. De bien beaux sujets passionnés pour des politicien-ne-s brillant-e-s.

On l'aura compris, l'affaire DSK se devait d'être adaptée à la situation belge. La RTBF a donc consacré cette semaine un reportage sur le sexe et le pouvoir en politique ... il n'est pas encore trop tard pour faire de l'audience sur ce thème.

Que retenir du reportage ? Que de nombreuses journalistes, femmes politiques ou attachées de cabinet vivent des situations de sexisme au quotidien, allant de la petite réflexion vulgaire au harcèlement sexuel. Nous pouvions nous en douter a priori...

Ce qu'il faut vraiment retenir de ce reportage, c'est la condescendance et l'ironie avec laquelle les hommes politiques interviewés ont réagi face aux questions du journaliste.

"Le sexisme en politique ? Mouah ah ah, allez je vais quand même répondre... Les femmes qui travaillent avec nous sont compétentes et adoucissent nos journées"
"La femme est l'être le plus idéal, n'est-ce pas"

Le sexisme en politique, c'est drôle. C'est potache.

Certains ont même refusé de participer à l'enquête (citons entres autres Paul Magnette (PS), Louis Michel (MR), Benoît Lutgen (CDH) ou Michel Daerden (PS)).
Ces ministres n'ont-ils rien à dire sur le sexisme ? En connaissent-ils seulement la définition ? Ou, pire encore et bien probable, ne se sentent-ils pas du tout concernés ?

Prenons la bonne vieille comparaison : imaginons un reportage sur le racisme dans les milieux politiques. Patrick Dewael et Herman De Croo auraient-ils répondu : "Nous travaillons avec beaucoup de Noirs très compétents qui nous adoucissent souvent la vie au quotidien" ? Claude Erdeckens aurait-il déclaré que "LE Noir est l'être le plus idéal" ? Les absents cités plus haut se seraient-ils abstenus de répondre, le sujet n'en valant pas la peine ?

Cela en dit long sur le degré d'implication de ces hommes politiques dans la lutte contre le sexisme, qui commence dans leurs cercles et qui s'étend bien au-delà.

J'ai toujours voté pour des gens qui plaçaient l'égalité des sexes dans leur programme, ce reportage m'aura au moins montré clairement pour qui je ne voterai jamais.


Chat dans Le Soir en ligne (www.lesoir.be) lié à l'émission le vendredi 9 septembre

Chat complet et article ici.

En bonus, quelques extraits d'un chat organisé par le journal Le Soir, qui a invité l'éthologue René Zayan pour parler sexe et politique.

Commençons par le commencement : inviter un spécialiste du comportement des espèces animales présage déjà d'une orientation quelque peu biaisée du débat.

J'apprends donc que les femmes, non pardon, les femelles sont biologiquement attirées par le mâle dominant. C'est donc sur ce modèle que l'on va analyser les situations de sexisme et de harcèlement sexuel dans les lieux de pouvoir.


René Zayan:
c'est logique que les femelles réagissent sur ce mode du male dominant, c'est biologique. J'ajoute que depuis une ou deux décennies, il y a auassi une évolution culturelle. Dans certains pays, il y a plus de pouvoir laissé aux femmes. le fonctionnement parisien ou marseillais est très improbable dans les pays scandinaves, par exemple. Ca ne correspond pas à leur éthique politique, égalitariste et légiférée par l'éthique




Je découvre également que si les hommes ont plus de problèmes que les femmes pour se penser en victimes, c'est parce qu'ils sont biologiquement programmés à la compétition à cause de leur testostérone.


Commentaire de la part de Annah
Pourquoi les hommes ont-ils plus de problèmes que les femmes à se zaepenser en tant que victimes?

René Zayan:
Annah : simplement parce qu'ils sont programmés davantage pour la compétition, par la testostérone, à etre dominant. Culturellement, on peut encourager les femmes à pleurer, mais "boys don't cry". ma mère m'a dit un jour "toute femme cherche un homme qui, quand elle en a besoin, a la capacité réelle de la rassurer".


On notera la contradiction du propos : les hommes sont programmés pour dominer et être forts mais ils sont éduqués pour dominer et être forts. Restons le cul entre deux chaises, et puis Maman a toujours raison.


Enfin, toute tentative de replacer le propos dans un contexte politique et sociologique est directement réduite à néant par Zayan :

Commentaire de la part de Annah
Est-ce qu'il n'y a pas aussi dans ce genre de comportement abusif une sorte de réflexe machiste pour "remettre les femmes à leur place" (la cuisine et le lit...) lorsqu'elles se permettent d'empiéter dans des domaines "traditionnellement masculins" (la sphère du pouvoir, de la compétitivité, etc) ?

René Zayan:
Annah(2e question) :selon les personnalités, on peut imaginer que ce soit un acte pour rappeler la dominance sociale, que dans la grande majorité des sociétés animales, dont la nôtre, le pouvoir et les ressources sont aux mains des hommes. on doit aussi constater que les femmes qui accèdent au pouvoir, ont tendance à se masculiniser, càd qu'elles exercent de moins en moins la cuisine, la maternité, etc. cela veut dire que l'argument évoqué ne tient pas tjs


L'argument évoqué par l'internaute tient pour moi toujours, d'autant que ce n'est pas parce qu'une femme ne remplit pas les cases attribuées au féminin qu'elle ne peut pas être renvoyée à son genre. C'est la base : les femmes et les hommes qui sortent de leurs rôles de genre (visiblement ou dans leurs comportements) sont ceux et celles qui sont les plus vertement remis à leur place.

Alors coco, t'as bien vendu aux annonceurs ?

En conclusion, il semble impossible pour les médias dominants (TV, journal) de cadrer la problématique du sexisme en politique sous un angle ... politique. Pourquoi ne pas inviter, même en contrepied à Zayan, un-e anthropologue, un-e sociologue, bref, un-e scientifique ayant une vue sociétale du problème pour dépasser la sacro sainte rhétorique biologisante tant adorée par les médias ?

Sinon, les prochaines élections sont les communales de 2012.
To be remembered...

vendredi 29 juillet 2011

Badly Drawn Grrrl achète une maison avec Monsieur Comique

"Félicitatiooooons ! ", crie le public, enthousiaste de me voir franchir un pas de plus vers l'absolue normalité, le degré zéro de la subversion des codes sociaux : vie en couple + hétéro + achat d'une maison.

Le public s'inquiéta au départ de ma/notre décision commune : la maison est-elle en bon état ? Les anciens propriétaires avaient-ils des enfants ? Une deuxième chambre existe réellement, oui, mais on s'empressera de la peindre en noir et d'y installer un atelier-bureau.
"Ooooooohhhhh !", soupire le public, incrédule. "Ils changeront d'avis", déclarent cependant certains éléments rebelles et pleins d'espoir.


Ceci dit, revenons-en à l'essentiel : le parcours d'achat d'un bien vu à la loupe féministe.




1- Parcours des banques

Qui dit crédit dit choix d'une banque auprès de laquelle s'endetter. Des visites s'imposent dans de nombreuses agences. La première annonçait le ton : nous sommes accueillis par Patrick Bateman un samedi matin. Le nous est de trop : ce cher Patrick ne daignera pas s'adresser à moi ou me regarder de temps en temps durant la conversation, comme on le fait pour reconnaître son interlocuteur en temps normal. Pour l'établissement d'un dossier de prise de contact, il ne demandera même pas mon nom : celui de M. suffit amplement à nous identifier. De toute façon, on n'a pas le profil : pas assez friqués, pas intéressés par les multiples formules de haute voltige financière pour lesquelles il s'emballe...



Du coup c'est moi qui vais prendre rendez-vous pour les banques. Ça les obligera au moins à me considérer comme partie intégrante du projet.


2- Notaire

Nous choisissons un notaire plus ou moins au hasard et rencontrons son assistante, à peine plus âgée que moi elle aussi. Pendant qu'elle déblatère son laïus juridique d'un ton professoral légèrement dédaigneux, je remarque également que, malgré le fait que je pose des questions, elle se tourne plus volontiers vers mon compagnon pour répondre. Ce n'est pas flagrant, mais bon, d'expérience...

Par la suite, je remarque que les fichiers qu'on m'envoie sont toujours notés "nom de monsieur - nom de madame". A la fin, ils sont simplement intitulés au nom de monsieur, c'est plus rapide hein.

3- Madame/Mademoiselle

Les dénominations officielles sont toujours "Mademoiselle" pour une femme non mariée et "Madame" pour une femme mariée.
Si vous exprimez votre souhait de vous voir appelée Madame sur un acte officiel, il faudra le répéter plusieurs fois sans vous lasser et sans vous vexer de la façon dont votre demande est traitée, c'est-à-dire sur le thème connu de la pauvre-idiote-qui-n-a-que-ça-à-demander-dans-sa-vie-pfft-yeux-au-ciel.

Première demande par mail. Réponse affirmative sur le ton précité : "Écoutez, si vous voulez vous faire appeler Madame ou Dark Vador, peu m'importe"...

Peu lui importe surtout d'effectuer la modification, ce qui me contraint à redemander, devant toutes les personnes présentes lors de la signature officielle, d'être dénommée Madame au lieu de Mademoiselle.

Regard incrédule du clerc en charge, qui balaie sa mémoire de cette question binaire durant quelques instants. Erreur système : "Mais vous n'êtes pas mariée ?". La mise à jour (en citant par exemple
la loi de 1993) ne sera finalement pas nécessaire, ni la justification. J'accepterai cela comme un progrès... J'ai donc l'honneur d'apparaître en dernier lieu sur un bout de papier officiel. D'abord l'ancien proprio, puis l'ancienne proprio, puis Monsieur Comique et enfin la petite jeune fille, là.

4 - Actes et courriers officiels :

Comme je ne suis jamais contente, je terminerai ce petit tour par le listing officiel des noms. Je suis ainsi toujours citée en second lieu. Plus sournois : je ne suis que co-emprunteuse et non emprunteuse principale, même si je paie la moitié du bien. Inutile de préciser que je n'ai pas décidé d'être co-emprunteuse, personne ne m'a demandé notre avis.
Par conséquent, les courriers officiels de toute sorte (assurances diverses, etc.) ne me sont pas adressés même si je paie également 50 % de ces sommes.
Je dois faire face à la réaction légèrement étonnée de ma banquière lorsque je lui fais part de ces faits symboliquement énervants. Prochaine étape : le courrier au département clientèle. On verra...

En attendant, je déconstruis les rôles : c'est moi qui apprends à bricoler. Mon compagnon n'apprend pas à décorer, c'est bien dommage pour l'esthétique générale de nos murs. Enfin...

samedi 26 février 2011

Le nom des gens : toi aussi, fais de la politique avec ton cul !

Je reviens sur un film qui m'avait consternée lors de sa vision, bien que je sois manifestement la seule à objecter ; la salle ayant ri à gorge déployée durant toute la séance.

Pour situer un peu, Le Nom des Gens avait un pitch intéressant : une passionaria de gauche couchait avec ses ennemis politiques. J'imaginais un film psychologique, une altermondialiste militante pleine de verve, une réflexion politique réelle, la lutte entre les idées et les actes, ... Un truc façon The Edukators quoi. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre avant le lancement du générique qu'il s'agissait d'une comédie.

Pas grave, me dis-je, ça peut être bien. D'autant que pour une fois, on parlera d'une femme de gauche.

Eh bien non, ce sera pour une autre fois !

La gauche engagée du Nom des Gens, c'est Lionel Jospin (qui fait d'ailleurs une apparition) et le PS. C'est peut-être ça, la comédie, j'ai pas compris en fait.
La passionaria, c'est une fille tellement écervelée qu'elle oublie de s'habiller pour prendre le métro. C'est siiiii mignooooooonnnn, elle est teeeeellement tête en l'aiiiiiirrrr, hahaha. Elle repère les mecs de droite, se débrouille pour les mettre dans son lit et au moment crucial, leur dit qu'il faut voter Jospin et pas Chirac, et voilà c'est fait !

Pardon ? Ben oui, voilà, c'est comme ça qu'on convainc les gens que les idées de gauche valent la peine d'être défendues. Quand on est une jeune femme, s'engager, débattre, manifester, c'est bien mais bon, militer avec son cul, c'est quand même plus efficace !