Je n'ai lu aucun de ses livres, j'ai entendu parler de son best-seller, The Beauty Myth. Le survol de sa biographie sur wikipédia ne laisse rien présager de bizarre (j'entends par là qu'elle n'a pas l'air d'être du genre essentialiste qui se proclame féministe), et pourtant ... Elle s'est fendue d'un article consternant (un de plus) sur les prétendus excès du féminisme occidental, responsable de la "guerre des sexes" et de la marchandisation des corps après la libération sexuelle. L'article original est disponible ici.
C'est vrai que depuis les années 60, on a vu beaucoup de féministes à la tête des entreprises, d'où le pouvoir qu'elles ont eu pour marchandiser le corps féminin. Oui, on sait, ces féministes qui haïssent les hommes et à qui on peut reprocher certains excès...
Quelques extraits :
Le consensus qui apparaît en Inde en faveur de davantage de droits et de liberté pour les femmes [...] n’a pas encore et ne va peut-être jamais porter atteinte au lien de confiance et d'amitié entre hommes et femmes. Et il ne va sans doute pas pousser l’Inde dans la direction d'une société de solitude, individualisée et fragmentée - avec la révolution sexuelle transformée en marchandise - que reflète le féminisme occidental autocentré.Il faudra qu'on m'explique ce qu'est ce fameux lien de confiance et d'amitié entre hommes et femmes en Inde. Celui où les femmes remercient leur mari de les brûler à l'acide ? Ou celui qui fait que les fillettes, quand on les laisse naître, sont moins nourries, moins soignées et moins éduquées que leurs frères ? Ici c'est vrai, hommes et femmes se regardent en chiens de faïence, prêts à se rentrer dans le lard à tout bout de champ, car ce lien si beau et si humain n'existe plus.
Femmes et hommes, hommes et femmes, ces deux espèces différentes vouées à la cohabitation. Il faudrait penser à envoyer quelques émissaires spéciaux de chaque camp fumer le calumet de la paix dans nos contrées si éloignées de l'état idéal (primitif tant qu'on y est !).
Cette version du féminisme - l’exigence d’égalité pour la femme qui préserve néanmoins son rôle spécifique au sein du foyer, la primauté donnée à la famille et les droits considérés dans le contexte de la communauté et de la spiritualité - paraît être un excellent correctif des excès du féminisme occidental.
[...]le féminisme occidental aurait pu se développer autrement qu’il ne l’a fait et qu’il peut encore changer pour adopter une définition plus satisfaisante et plus humaine de la notion d’égalité. Simone de Beauvoir, dont l’œuvre-phare, "Le Deuxième Sexe", a servi de référence au féminisme occidental d’après-guerre, était une existentialiste, mais elle n’était ni une épouse ni une mère ni une femme de foi. Aussi, sa réflexion plaçait-elle la liberté de la femme dans un contexte laïque et individualiste où l’individu est isolé et dans lequel la "liberté" signifiait une pure autonomie plutôt qu’une intégration égalitaire dans un tout - comportant la famille, la communauté et même Dieu.
Revenons aux sociétés holistes d'antan, il est encore temps cher-e-s ami-e-s. Remettons-nous à croire en dieu, prenons conscience du rôle spécifique que nous avons à remplir au sein de notre foyer (ce coeur sociétal) et investissons-nous dans notre communauté au lieu de nous replier sur nous-même et sur nos objets de consommation.
Même le pape ne trouverait rien à redire à ça.
En tant que femmes occidentales, nous avons les capacités d’analyse, nous savons quels sont nos problèmes et nous disposons d’une méthode pour y faire face - mais nous manquons de volonté politique et organisationnelle. Aussi le leadership bascule-t-il vers les femmes des pays en développement. Leurs besoins sont plus urgents, et, franchement, leurs problèmes sont beaucoup plus graves que les nôtres. (...) Si l’une de ces courageuses femmes afghanes (...) écrivait (...) le texte marquant des cinquante prochaines années du féminisme non-occidental, il sera sans doute imprégné de l’idée d’égalité et en même temps très concret. Il montrera sans doute que le monde est davantage que la somme d’individualités en concurrence, essentiellement tournées vers la consommation, ou qu’une guerre des sexes.
Voilà, tout s'explique. Nous les féministes occidentales, on est un peu trop idéalistes mais en même temps tellement matérialistes ! Puis on manque de volonté pour imposer nos volontés aussi. C'est tellement simple pourtant ! Un peu de concret que diable !
Et puis franchement, allez je le dis : toi, la féministe occidentale fainéante, athée et individualiste, va donc voir en Afghanistan (si j'y suis) ! Ca te remettra dans le droit chemin !